Moncontour 7 novembre 2010

Publié le par Izabel

2010-11-07 Moncontour (113)Malgré une météo incertaine, nous étions 17 au rendez-vous de cette première demi-journée de la saison 2010-2011.

  2010-11-07 Moncontour (125)

 

 

 

Nous avions pour l’occasion un guide privilégié, nouvel adhérent des charrois, qui habite Moncontour : Emmanuel.

 

 

 

2010-11-07 Moncontour (4)Passionné d’histoire médiévale, il s’est beaucoup intéressé à la ville de Moncontour. Depuis cet été, Moncontour possède un circuit d’interprétation du patrimoine, et c’est sur ce chemin qu’Emmanuel nous emmène dans un premier temps.

 

 

 

 

 

 

 

Le château Fort (1137 – 1626)

  2010-11-07 Moncontour (5)

Vous êtes devant les vestiges du château fort de Moncontour. Construit en 1137, le « chastel » était constitué de 4 tours reliées par des courtines.

 

Ayant subi de très nombreux assauts, il fut entièrement restauré par Olivier de Clisson avec renforcement du dispositif de défense : douves profondes au sud, construction d’une cinquième tour carrée, aménagement intérieur avec grande salle de réception à deux étages, chambres permettant de recevoir nobles seigneurs, chevaliers et gentes dames.

2010-11-07 Moncontour (3)Le château disposait de deux entrées pourvues de deux herses et pont-levis : la principale s’ouvrait sur la ville entre la Porte d’en Haut et la Tour du Donjon, l’autre se situait à l’Ouest.

Le château possédait une salle d’armes qui abritait une garnison de soixante soldats.

Les geôles étaient situées dans le cul de basse fosse de la tour du donjon. Elles pouvaient recevoir plus de trente prisonniers hommes et femmes. Le plus célèbre, Gilles de Bretagne, y fut enfermé pendant deux ans.

Le château fort était un élément essentiel de la défense de la forteresse. Il fut en grande partie détruit sur ordre de Richelieu en 1626.

 

 

 

Place du Martray

  

2010-11-07 Moncontour (7)Sur cette place étroite étaient exposés les condamnés à mort le jour du marché ou lors des grandes foires annuelles avant d’être « trahyné » (emmené en charrette) jusqu’à l’Ecce homo où ils étaient pendus.

Autour de vous, vous pouvez admirer de belles maisons à colombages restaurées.

Une maison à colombage ou pan de bois est constituée de deux éléments principaux :

-       Une ossature de bois classique, la structure même de la maison, qui est constituée de poteaux et de sablières

-       Le colombage, qui est un mode de construction traditionnelle désignant notamment les poteaux placés verticalement

Le remplissage entre les bois est généralement réalisé en maçonnerie légère (briques crues le plus souvent ou torchis).

Cette technique, qui existait déjà dans l’Antiquité Romaine, a été utilisée en France au début du Moyen Age jusqu’au 19ème siècle.

Dès le XVIIIème siècle et durant tout le XIXème siècle, on maçonna les façades des maisons à pans de bois afin de leur donner un aspect plus luxueux et moderne.

 

 

 

Le tir du Papegault

   

2010-11-07 Moncontour (13)Vous vous situez Porte d’en Haut, porte entre deux tours, ou « porte-tour », seul accès direct au Castrum de Moncontour à l’époque médiévale.

 

 

 

Les archers des milices communales participaient à la défense de la forteresse. A travers les meurtrières des tours et du haut des remparts, ils tiraient sur les assaillants. 2010-11-07 Moncontour (15)

Chaque année au mois de mai, une compétition opposaient les tireurs les plus adroits. Ils devaient abattre une cible située au sommet du donjon, cible en bois ou en fer ayant la forme d’un oiseau coloré : le papegault ou papagaï (perroquet). Cette compétition pouvait durer plusieurs jours.

Le vainqueur, roi du papegault, recevait diverses récompenses et honneurs et percevait des droits sur les pièces de vins vendues en cours d’année. Son rôle consistait aussi à préparer les messes, le repas et le prochain concours du papegault.

 

 

La place du marché et les halles

  

2010-11-07 Moncontour (16)Dès 1378, c’est sur cette place aujourd’hui appelée Place Penthièvre, aux abords de l’église et des rues avoisinantes que se tenait le marché hebdomadaire, le lundi.

Au centre s’élevaient les halles spécialisées avec les étals  (halles aux bouchers, halles aux toiles…) et tout autour se dressaient les « baraques », sortes de grands stands mobiles couverts sur structure bois. 2010-11-07 Moncontour (17)

 

 

 

Le marché de Moncontour était très réputé et comme tous les marchés de bourg castral, c’était un haut lieu d’échanges.

Les marchands « forains » (marchands venus de loin) achetaient les productions locales aux exploitants (céréales, toiles, peaux et cuirs, légumineuses, bestiaux…) et les revendaient sur le marché. Ils y vendaient aussi les produits qu’on ne trouvait pas dans la région.

Pour pouvoir utiliser un étal, ceux-ci devaient s’acquitter d’une taxe auprès de l’autorité civile (duc, seigneur…) ou religieuse, comme par exemple le « droit d’échoppe » sur les éventaires ou de « halage » sous les halles.

 

 

2010-11-07 Moncontour (18)Petite visite dans l’église qui possède de très beaux vitrages.2010-11-07 Moncontour (23)

 

 

 

Et bien sûr, petit arrêt aux toilettes publiques (toilettes médiévales ?)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Porte d’En-Bas

2010-11-07 Moncontour (27)Vous vous trouvez sur une partie de la barbacane de la forteresse.

Ce promontoire, aménagé au nord-est à même la roche, rendait infructueuse toute tentative de pénétration dans la Cité. Les défenseurs, installés sur l’esplanade, les courtines et les tours, pouvaient ainsi repérer les assaillants. Ces derniers subissaient les tirs des habiles archers.

La muraille très élevée, le renforcement double des remparts et l’usage d’artillerie de haute technicité pour l’époque, faisait de Moncontour, une cité quasi imprenable.

En face de vous, sur votre gauche se dressait la Porte d’En-Bas.

 

 

 

2010-11-07 Moncontour (28)Egalement appelée « porte du point du jour », elle offrait et offre toujours une vue remarquable au lever du soleil sur les faubourgs de l’Etang Martin et de la vallée ainsi que sur cet axe stratégique qu’est la route de Penthièvre.

Avec cette porte, les maladies telles que la lèpre, le paludisme, la gonorrhée, le feu ergotisme, la variole… restaient au pied des remparts. Tel était le quotidien des petites gens recluses dans le faubourg de la Vallée.

 

 

 

 

 

 

La poterne Saint-Jean

2010-11-07 Moncontour (42)La porte du faubourg Saint-Jean était constituée d’une lourde porte de bois intégrée aux fortifications de la Cité, seul accès au cœur de la ville par le sud aux deux faubourgs Saint-Jean et Saint-Michel.

Les emplacements de l’ancien hôpital, la chapelle et le cimetière Saint-Jean sont symbolisés par la croix en granit à l’angle de la rue Saint-Michel.

 

 

 

 

 

 

Au pied de la poterne se trouvaient les commerces. 2010-11-07 Moncontour (43)

Les échoppes se dressaient là où sont encore visibles les larges pierres plates sous fenêtre appelées « étals ».

 

 

                       

 

 

2010-11-07 Moncontour (41)

 

 

 

 

 

 

 

 

Les rues étaient alors le théâtre d’une immense animation. Le dynamisme des marchands et artisans, regroupés en corporations, faisait la prospérité de la cité.

Les débitants de viande se mêlaient aux taverniers, filles de joie, pelletiers qui fabriquaient et vendaient les fourrures.

Les femmes tournaient la meule de pierre pour la fabrication de la farine, le pain était cuit dans le four banal.

Châtaignes et champignons récoltés servaient à la confection de bouillons et liqueurs.

Dans la rue, une bonne odeur de vin chaud épicé se dégageait.

 

 

 

 

Les remparts

 

2010-11-07 Moncontour (40)Réalisée par les architectes d’Olivier de Clisson dans la deuxième partie du XVème siècle, cette muraille, d’une longueur d’environ 2000 mètres, comporte 15 tours réparties de façon à utiliser au mieux la configuration géologique du site.

On peut citer la tour Billehaut, la tour du Moinet (seule tour à canons de Moncontour), la tour Mognet, la tour de l’Ouest, la tour de Crouiche…

L’évolution des techniques d’assaut des places fortes (développement de l’artillerie), a conduit les architectes de l’époque à modifier considérablement les concepts d’architecture militaire, notamment l’aménagement d’espaces libres entre le rempart et les constructions.

Comme par le passé, ces constructions nécessitent un entretien régulier, c’est ainsi que la tour du Moinet (sur le rempart nord) fut reconstruite (1998), et ici vous avez devant vous la dernière restauration en date (2009).

 

 

Prieuré et faubourg Saint-Michel

 

2010-11-07 Moncontour (52)Vous vous trouvez face aux vestiges de l’ancien prieuré Saint-Michel. Au pied des remparts le faubourg Saint-Michel constituait un quartier d’habitation, de commerce et d’artisanat très dynamique.

La présence de la rivière en contrebas favorisait la construction de nombreux moulins (Moulin Saint-Michel derrière vous).

L’aménagement des étangs et des biefs fournissait l’énergie nécessaire aux ingénieux mécanismes des ‘’industries’’ : minoterie, meulage, foulage, rouissage, tannage… autant d’activités qui permettaient à la Cité de faire prospérer son commerce.

 

 

 

La religion tenait une place prépondérante dans la vie quotidienne au Moyen Age. On trouvait la majorité des établissements religieux dans les faubourgs. 2010-11-07 Moncontour (54)

Le prieuré Saint-Michel dominait le quartier et étendait son domaine sur les communes alentours. Il détenait aussi le « Droit de Haute Justice » :

« Malheur aux coupeurs de bourses, vide-goussets et fripouilles, s’ils étaient pris !».

Ils étaient précipités dans les geôles du château, puis exposés au pilori de la Place du Martray à la porte du château, ils y subissaient les moqueries et les injures de la populace vengeresse…

Quant aux assassins, égorgeurs, empoisonneurs, étrangleurs, … condamnés à mort, escortés par la garde du sénéchal, ils étaient menés par le chemin de ‘’l’Ecce Homo’’ jusqu’aux fourches patibulaires dressées devant la croix de ‘’mauvaise mort’’ … sur la colline… face à la Cité.

Pendus à la traverse du gibet, leurs corps restaient exposés à la vue des passants… et finissaient généralement dévorés par les oiseaux de proie.

2010-11-07 Moncontour (55) 

 

Nous avons poursuivi notre randonnée par la découverte du Bief, à travers la forêt, magnifique à cette période de l’année, longeant par moment les vestiges d’anciennes murailles. 2010-11-07 Moncontour (64)

 

           

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2010-11-07 Moncontour (71)Nous avons monté, monté, monté… pour atteindre une chapelle qui porte bien son nom : la chapelle Notre Dame du haut, que nous avions eu l’occasion de visiter à l’occasion d’une précédente randonnée. 2010-11-07 Moncontour (89)

 

                       

 

Voici la légende qui s’y rattache :

 

Aux XIV – XVème siècles, la Bretagne était en proie à la guerre civile. Profitant d’une trêve, un gentilhomme de Basse-Bretagne en cheminant vers Rennes, fut attaqué, dévalisé et pendu à un chêne. Le malheureux, dans son agonie, aperçue sur la branche d’un autre arbre, une statue de la Vierge. Plein de foi, il implora son secours pour le sauver des abîmes. Il lui fit également vœu de prendre la statue dans ses bras et de bâtir une chapelle là où la fatigue le forcerait à s’arrêter.

2010-11-07 Moncontour (85)Un ange apparût alors. Il trancha la corde. Ainsi naquit la chapelle de Notre-Dame du Haut. Le vitrail du XIXème siècle derrière l’autel, fait écho de cette légende. Cet édifice date du XIVème siècle. Il a été agrandi au XXIème et restauré à moult reprises. Notre-Dame renferme plusieurs statues. A gauche du maître-autel se trouve la légendaire statue de la Vierge (XVe) et à ses pieds, celle du miraculé gentilhomme. Cette chapelle abrite également sept vénérables Saints guérisseurs (statues du XVIe). Saint-Yvertin guérit des maux de tête. Saint-Hervé ou Houarniaule apaise la peur et l’angoisse. Sainte-Eugénie ou Tujane soigne les migraines. Saint-Méen calme les troubles mentaux. Saint-Mamert soulage les coliques. Saint-Lubin améliore la vue et guérit les rhumatismes. Saint-Hubert soigne les plaies, les blessures et la rage.

 

2010-11-07 Moncontour (101) 

 

Emmanuel nous a ensuite menés vers une fontaine perdue dans les bois. 2010-11-07 Moncontour (102)

 

 

 

 

 

 

 

                      

 

2010-11-07 Moncontour (105)En cette fin d’après-midi, le soleil qui traversait les arbres nous a offert un magnifique spectacle de couleurs :

 

                       

  2010-11-07 Moncontour (108)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2010-11-07 Moncontour (124)De retour sur la commune de Moncontour, nous apercevons l’ancien prieuré Saint-Michel depuis l’autre côté des étangs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La visite se termine devant la maison d’Emmanuel, avec le dernier panneau explicatif.

 

2010-11-07 Moncontour (126)« Tenir le haut du pavé »

En face de vous, la rue de la Charbonnerie. Les rues des villes d’autrefois n’avaient pas tout à fait l’aspect de nos rues piétonnes actuelles. Elles portaient généralement le nom de l’activité pratiquée, étaient mal éclairées, étroites (5 mètres de large maximum), et peu pavées.

L’évacuation des eaux usées et eaux de pluie se faisait par le centre des rues qui étaient en forme de « V », un peu à l’image des rivières.

Le milieu était plus bas pour laisser couler les eaux usées et les côtés remontaient vers les façades, c'est-à-dire vers le « haut du pavé », on se tenait à distance des saletés navigant au milieu de la rue.

Les rues n’étaient pas assez larges pour permettre à tout le monde de circuler. L’usage et la politesse voulaient donc qu’on laisse la meilleure place aux personnes de haut rang afin qu’elles ne se salissent pas… elles tenaient donc le « haut du pavé ».

En outre, il arrivait que les habitants des étages des maisons jettent dans la rue toute sorte de déchets, y compris le contenu de leur seau d’aisance !

A ce moment-là, ils criaient « gare à l’eau ! » afin que les passants fassent bien attention en contrebas.

 

 

 

Cette sortie, malgré quelques averses et le froid, nous a tous enchantés, avec un guidé passionné et passionnant !

 

 

Publié dans Randonnées

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
L
<br /> Super sympa ces commentaires !!!!!<br /> <br /> <br />
Répondre